vendredi 3 juillet 2009

mercredi 1 juillet 2009

Les Assises en images




Intervention de J-V. Jéhanno (Parti de Gauche) aux Assises

Déclaration aux Assises Régionales de la Formation des Enseignant-e-s de l’Ecole Publique,
Mardi 30 juin 2009 :

Alors que l’ancien ministre de l’Education nationale Xavier Darcos voulait faire croire à la Nation que le but de la réforme de la formation des enseignants avait des ressorts pédagogique ou didactique, ces récentes déclaration accompagnant « l’héritage » laissé à son successeur Luc Chatel ne laissent plus aucun doute : il s'agit tout simplement d'économiser 16000 postes, en particulier en assumant la suppression de l’année de stage rémunérée des futurs enseignants et maîtres d’écoles « conformément à la règle de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite". Supprimer les stagiaires pourtant nécessaires à l’apprentissage du métier, c’est faire d’eux comptablement les véritables "partants en retraite" ! Autrement dit, si nous n’y mettons pas un coup d’arrêt, la suppression de 16000 postes annoncés pour la rentrée prochaine n’est qu’un avant goût de ce qui est prévu pour la rentrée suivante !
L’absurdité d’une telle logique n’en n’est pas moins guidée par une volonté sans faille : celle de mettre coûte que coûte l’éducation au diapason du dogme libéral dont nous pouvons relever plusieurs aspects :
- bien sûr, il s’agit avant tout de faire des économies : le coût de la formation des maîtres n’est pas envisagé de manière qualitative mais à courte vue comptable. Au contraire moins bien formés, il sera bien plus facile de justifier l’incompétence notoire des enseignants et l’obsolescence d’un système qu’on aura fait péricliter, pour faire appel aux vertus du marché et justifier le désengagement de l’Etat ! La question économique, c’est l’arbre qui cache forêt.
- ces attaques globales contre l’Ecole de la République puisent, comme vous le savez, leur inspiration dans la stratégie de Lisbonne et du Processus de Bologne, elles mêmes emblématiques de la construction libérales de l’Union Européenne, qui sous des beaux atours fait de l’éducation « une économie de la connaissance », un marché donc, fondé sur le développement des compétences et de l’employabilité, appuyé sur la clé de voûte de l’autonomie universitaire dévoyant ainsi l’attachement aux libertés et au droit à l’initiative des enseignants, abandonnant ainsi l’ambition d’apporter au plus grand nombre le savoir nécessaire non seulement à la vie professionnelle, mais aussi à l’émancipation citoyenne, individuelle et collective, que devrait pourtant porté l’Ecole républicaine à laquelle nous sommes attachés.
- finalement, prime avant tout la composante idéologique de la mesure : sur ces 16000 (15400 exactement) postes de stagiaires, seuls 1400 seraient supprimés dans le privé. Plus grave, avez-vous remarqué que dès que le public supprime des postes, le privé en recrute, payés sur les deniers de l’Etat que les libéraux ne cessent d’appauvrir. C’est ainsi que, s’appuyant sur la masterisation de la formation des enseignants, l’enseignement catholique prévoit de recruter plus de 20 000 nouveaux enseignants d’ici à cinq ans et le double à dix ans. Au-delà l’enseignement catholique prévoit d’étendre son offre de formation des métiers de l’enseignement au management éducatif (postes de cadres éducatif, pédagogique, formateur accompagnateur d’enseignant…). Nous savons ainsi que dès la rentrée prochaine l’Université Catholique de Lyon propose des modules de formation, des « maquettes » pour reprendre le terme usité, pour des masters préparant aux « métiers de l’éducation et de la formation » avec l’aval du gouvernement qui a désormais autorisé les Instituts catholiques à délivrer les diplômes auparavant soumis à l’agrément de l’Université. L’aval du gouvernement et rajoutons la bénédiction papale en retour à l’annonce faite par le Chanoine de Latran lui-même à sa sainteté romaine !
C’est donc bien la privatisation totale de l'Ecole qui est en marche. Ici le rectorat privilégie un établissement privé à un public pour l’ouverture d’une section, là on fait disparaître carrément une institution publique de formation des maîtres pour des motifs qui ne tiennent pas. Ces motivations, tronquées par le gouvernement, doivent être communiquée aux communautés éducatives, aux parents d’élèves, aux enseignant-e-s en devenir, aux élu-e-s, aux collectifs qui soutiennent et font vivre votre mouvement, en retenant la belle leçon d’éducation populaire exemplaire que des Collectifs citoyens imaginatifs ont su réaliser lors de la bataille référendaire contre l’adhésion de la France au Traité libéral de Lisbonne de 2005.
Le Parti de Gauche réaffirme donc son soutien à tout ceux et celles qui disent « la casse de l’Ecole de la République, de l’Université, de la Formation des enseignants, ça suffit comme ça !». Nous soutenons votre mobilisation pour le maintien des dispositifs en vigueur de recrutement et de formation, donc des IUFM, tant qu’un nouveau cadre n’a pas été défini dans une consultation démocratique en privilégiant, par exemple, plus encore qu’aujourd’hui, l’apprentissage dans la formation des métiers de l’enseignement, en renforçant le lien avec la recherche et les filières universitaires de science de l’éducation.
Le Parti de Gauche, enfin, dénonce aussi bien les suppressions de postes que la vision étriquée de l’Ecole que se fait le Président de la République et son ministre de l’Education aux ordres. Les grands principes républicains de l’Ecole gratuite, laïque et obligatoire doivent être réaffirmés dans le cadre du service public, protégé des règles de la concurrence et de la rentabilité. Nous devons donner à notre système éducatif les moyens de ces ambitions, afin qu’il soit en mesure de former des citoyens éclairés et acteurs de la société, y compris dans la dimension technique et professionnelle indispensable au moment où s’impose un changement radical du développement qui doit rompre avec le productivisme, responsable de la catastrophe écologique.
Pour ce faire, le Parti de Gauche propose des choix forts comme celui de l’utilisation des fonds publics d’abord pour l’enseignement public !
Pour le Parti de Gauche
Jean-Vincent Jéhanno, Conseiller Régional