jeudi 24 septembre 2009

Les sorties scolaires, une perte de temps ?

Lu sur le site Rue 89
Je n'ai pas l'habitude de lire les notes internes au ministère de l'Education nationale, mais mon oeil est resté scotché sur le rapport sur la réforme du premier degré publié par l'Inspection générale, à l'intention du ministre. Je ne l'ai pas lâché tant la prose des deux signataires, deux inspecteurs généraux, est fascinante.
Un mélange d'autosatisfaction naïve (« L'année a été exceptionnelle aussi par la soudaineté de mise en oeuvre de la réforme et par l'audace de certaines propositions… Les élèves retrouvent le goût de l'école… ») et de méfiance/brutalité (« Les récalcitrants à ce nouveau service ont été réduits de quelques centaines d'opposants déclarés dans ou par les médias à un petit nombre de situations individuelles, qui font l'objet de retraits de salaires »).

Certains passage maladroits sont inutilement blessants pour les enseignants. Exemple :

« La modification la plus fondamentale réside dans l'implication personnelle des enseignants dans la prise en charge
de la réussite de leurs élèves. »


Que l'aide personnalisée ait pu aider certains élèves à résoudre une difficulté, cela peut se défendre. Mais pourquoi suggérer que les enseignants n'avaient pas, auparavant, « d'implication personnelle » dans ladite réussite
de leurs élèves ?

Mais ce qui m'a le plus retenu l'oeil, c'est ce passage très inquiétant :

« Dans l'immédiat, il est indispensable de lutter contre les habitudes de grignotage du temps installées avec les sorties scolaires et les interventions extérieures, qui déconcentrent les élèves et qui font perdre beaucoup de temps sur les apprentissages, en prenant des mesures de restriction des empiètements tolérés, et parfois encouragés, sur le temps scolaire, en revoyant et limitant les agréments et autorisations. »


Ainsi, nous disent ces deux inspecteurs généraux, les sorties scolaires et les intervenants extérieurs ne seraient que perte de temps et facteurs de déconcentration !

Et moi, benêt que je suis, qui pensais que c'était ce qui reliait l'école au monde qui l'entoure. Ce qui apportait aux enfants du sens à leurs leçons. Je pensais que c'était un moyen de varier cet apprentissage, de lui apporter de l'émotion, de décloisonner les matières ; de donner aux enfants ce formidable plaisir de la découverte. De développer leur envie de poser des questions.

Je croyais aussi que c'était l'occasion de tisser des relations différentes avec l'enseignant et avec d'autres adultes. Mais non, rien de tout cela : ce n'était qu'une sale « habitude de grignotage du temps » !

Voici une drôle de vision, extrêmement fermée, de l'école. Personnellement, sorties et interventions de témoins extérieurs sont les moment qui m'ont le plus marqué pendant le primaire (à l'école publique).

Je me souviens par exemple d'un type venu à l'école avec un boa vivant, et je n'ai rien oublié de son système digestif (celui du boa). Ou encore de la visite
d'une synagogue dans le Marais, qui m'a ouvert l'esprit sur d'autres
cultures que celle dans laquelle j'étais élevé.

Dans mon souvenir,
j'ai alors gagné du temps ; et j'étais alors tout sauf « déconcentré ».

Pas vous ?

Ailleurs sur le Web
Troisième note de synthèse sur la mise en oeuvre de la réforme de l’enseignement primaire

lundi 14 septembre 2009

A.G. du 14 septembre 2009

52 personnes présentes

Les points du jour :

1 - Invitation à s’inscrire à la liste de diffusion.

2 - Retour sur l’évolution de la masterisation et sur les actions de l’année passée.

Le collectif a obtenu que les maquettes de master ne remontent pas (sauf 3 ou 4 exceptions + universités catholiques). 

+ un an de sursis pour les concours 2010 (concours inchangés).

+ un an de sursis pour l’appellation « IUFM ».

3 - Information : mouvement de grève prévu le mercredi 7 octobre prochain.

4 – Rappel des modalités et de la mise en place de la masterisation PE/PCL:

Pour Masters 1 (avant passage du concours), 3 types de stages :

- Stages d’observation

- Stage pratique accompagnée

- Stage en responsabilité (!)

Cette année étant une année transitoire, en cas de réussite aux concours 2010, le lauréat aura le statut de fonctionnaire stagiaire avec 2/3 de temps sur un (des?) stage(s) en responsabilité, 1/3 en formation Master 2.

Du côté des Universitaires, ces derniers ne sont pas prêts à brader les masters en recherche. La Promesse (=mensonge) du Ministère quant à l’équivalence de M1 offerte aux étudiants admissibles à l’oral tombera donc à l’eau, forcement.

Le Ministère tient à mettre en place cette année les stages en responsabilité pour les M1, stages assurés par des étudiants qui vont venir remplacer des professeurs titulaires en formation (premier et second degrés). Le Ministère entend donc utiliser un vivier d’étudiants comme moyen d’enseignement, des étudiants qui, rappelons le, n’auront pas encore suivi de formation et qui n’auront aucun statut d’enseignant ! 
C’est jeter quelqu’un qui ne sait pas nager dans une piscine. C’est créer plus de précarité dans l’enseignement. C’est courir le risque de laisser la responsabilité de nos enfants à des étudiants, certainement motivés, mais non formés au métier et préoccupés par leurs études et leurs concours.

Ces stages en responsabilité pendant le M1 seraient payés jusqu’à 3000 euros à l’année (carotte pour les étudiants qui n’auraient pas le sou ou pas le choix). De plus, ces temps de remplacement sont sur des temps très cadrés, pas forcement en adéquation avec un emploi du temps pour préparer un concours.

Ces stages en responsabilité sont des cadeaux empoisonnés pour les étudiants car, préparer 108 heures de cours devant une classe d’une trentaine d’élèves + la préparation au Concours + l’année de M2… ça devient très très compliqué.

Enfin et surtout, ce sont des cadeaux empoisonnés pour les élèves à qui on supprime déjà les RASED, et devant lesquels il y aura des étudiants (qui feront ce qu’ils peuvent en étant lâchés dans l’arène sans aucune arme pédagogique).

Les medias ont un rôle à jouer, mais ils suivront nos actions seulement si les parents bougent. Or peu de parents sont au courent de la réelle situation. Notre pays est soumis à un grave problème de manipulation de l’information.
Notre plus beau challenge : prendre en charge la communication à destination des parents d’élèves.

Le Collectif doit se prononcer et prendre position clairement contre la mise en place de ces stages, diffuser toutes ces informations et sensibiliser le plus de collègues possible.


Proposition : Le collectif s’oppose à la mise en place de stages en responsabilité concernant les étudiants préparant le concours de l’enseignement. 
Le collectif considère que cette mesure gouvernementale avec une logique purement économique qui va à l’encontre d’une véritable formation professionnelle donc de l’intérêt des étudiants et surtout à l’encontre de l’intérêt des élèves des écoles, des collèges et des lycées.

La proposition a été votée à l’unanimité.

A noter, la situation à Clermont-Ferrand : nos collègues se mobilisent car l’université a décidé d’ouvrir les inscriptions dans les UFR, meilleur moyen pour couper tous les moyens de l’IUFM…

jeudi 10 septembre 2009

In publicité veritas ?


C'est une publicité pour une entreprise de soutien scolaire, coutumière des campagnes provocatrices.

Trois portraits, plan américain, trois personnes qui regardent dans le lointain avec un air de sourire ou de préoccupation. Un journal ouvert, une tasse de café, un sac qui n'est pas un cartable, voilà pour les attributs. Le plein air, une terrasse, un bus, voilà pour les lieux. Noms et prénoms pour chacun, suivis de la mention "Enseignant en…" histoire, mathématiques, français. Un texte de trois lignes évoque la situation et leurs pensées. En bas à droite, le nom de l'entreprise et un slogan : "Croire au potentiel de chacun".

Les luttes de l'année 2008-2009 qui ont consisté, pour le dire vite, à alerter sur le démantèlement du service public d'enseignement, de la maternelle à l'université, auront sans doute été vaines, à brève échéance en tout cas. On ne peut en effet pas déterminer si elles sont un soubresaut de la défense des valeurs d'une république française honteuse de n'avoir pas tenue ses promesses, ou si elles sont la figure de proue d'une pensée humaine qui triomphera lorsque la période du capitalisme sera éteinte, au plan mondial. Ou les deux.

L'entreprise de soutien scolaire danse sur les tombes de ces luttes en affichant de nouvelles figures de profs, mensongères à double titre : donner des cours dans une entreprise de soutien scolaire ne fait pas de vous un professeur (le terme n'est d'ailleurs employé qu'avec son diminutif), et ne vous garantit pas de connaître le bonheur grave de l'enseignant qui fait réussir son élève. Quant à la croyance dans le potentiel de chacun, en guise de promesse mystique et volontariste…

Que disent-elles, ces figures ?

Pas d'institution, pas de collègues, pas de chef, pas d'établissement scolaire, le prof, tel qu'en lui-même, dans sa solitude et son indépendance.

Pas d'élèves, pas de groupes, pas de tableau, pas de craie, pas de photocopies, le prof pur esprit dans un moment de rêverie.

Pas de réunions, pas de cantine, pas de sueur, le prof satisfait, dans son inquiétude douce.

En revanche, un titre, une place sociale, je suis prof tout de même, n'est-ce pas ? Cela me réjouit, me réconforte, je suis quelqu'un.

Quand l'Education ne sera plus nationale, ces publicités seront lancées par les gouvernements ou par les collectivités territoriales en charge d'embaucher des "enseignants". Ils seront nombreux, diplômés, à la recherche d'un emploi temporaire, sans formation professionnelle, à espérer obtenir un contrat dans le lieu d'instruction le plus proche possible de leur domicile ou pour un poste bien rémunéré. Ils seront contents qu'il n'y ait plus de concours, plus d'inspections, plus d'affectations imposées, plus de syndicats, plus d'IUFM, à peine des programmes en forme d'objectifs. Quand ils n'auront pas réussi à faire lire le quota imposé dans leur classe de CP, à moins qu'ils n'acceptent de repeindre la salle polyvalente pendant l'été, ils seront remerciés et chercheront un autre lieu d'instruction un peu moins proche de leur domicile et un autre poste un peu moins bien payé. Ils auront une tête de trader et le secret espoir d'ouvrir leur propre boîte.

Il y a quelque chose de prémonitoire dans ces figures. Comme si la publicité disait l'avenir.

Sauf qu'elle dit l'avenir en se soumettant au présent. Les temps sont au chacun.

Trouverons-nous les forces pour que l'avenir soit au tous ?

mercredi 2 septembre 2009

AG lyonnaise du 2 septembre

Compte rendu de l’AG de rentrée
Ce qui s’est passé pendant l’été
Les décrets relatifs à la mastérisation de la formation sont parus. Les rapports Marois Filâtre ont été publiés séparément… et ne parlent pas de l’IUFM comme structure spécifique de formation.
L’été n’a pas permis de résoudre de nombreuses questions qui restent en suspens sur les cursus préparant aux concours pour cette année : inscription en M1 ? en M2 ? Nécessité d’avoir un M1 ? un M2 ?
Mais une circulaire précisant les modalités des 108 h. de stage, leur répartition par académie, leur rémunération… est parue. La mastérisation se met donc en place insidieusement.
Les stages dans le cadre du M1 et du M2
Le risque est de passer d’une logique dans laquelle l’institution (l’IUFM) propose les stages (PE1/ PCL1 actuels) à une logique dans laquelle le stagiaire doit lui-même trouver son terrain de stage.
La rentrée à l’IUFM de Lyon : beaucoup plus de PE1 que d’habitude, 2 fois moins de PE2… Vu le nombre de postes au concours, le taux d’échec sera nécessairement fort. Il faut pourtant que l’année de PE1 puisse être valorisée dans un cursus universitaire.
La mobilisation continue :
Le collectif IUFM a repris son activité, avec le souci de défendre l’école, la formation de ses enseignants, et de rassembler largement.
- Continuer de mobiliser les parents d’élèves
- Mobiliser les collègues dans les écoles, collèges, lycées
- Reprendre contact avec les désobéisseurs
Les présents à l’AG doivent faire passer le message auprès des PE1, PCL1, PE2, PCL2 afin de mobiliser le plus largement possible.
Prochains rendez-vous :
Prochaine AG : lundi 14 septembre à 12 h 15 – Amphi Kergomard
Suite aux assises régionales à Lyon fin juin, nous sommes invités à Grenoble le mercredi 21 octobre…