dimanche 7 juin 2009

Compte rendu subjectif de la quatrième réunion de la CNFDE

Compte rendu subjectif de la quatrième réunion de la CNFDE, 6 juin 2009,
rédigé du haut du TGV,
en traversant les verts et les bleus des paysages
et pour ne pas oublier que c'est le temps des cerises

Plan panoramique
Années 2000. Installation en France du néo libéralisme. Coïncidence du mouvement politico-économique à l'échelle mondiale avec l'arrivée au gouvernement, par la voie des urnes, d'un personnage déterminé et décidé à agir vite pour détruire ce qui fait institution.

Plan large
Démantèlement des institutions et des services publics et disparition programmée du rôle de régulation joué par l'Etat : communications, transports, énergie, justice, santé, éducation.

Plan américain
Education, formation des enseignants.
La réforme dite de mastérisation attaque les principes de la formation et du recrutement des fonctionnaires d'Etat que sont les enseignants.

Gros plan
Mastérisation. En réponse à un mouvement d'opposition unanime qui dure plus de six mois, le gouvernement fait passer la réforme en force.

Plan rapproché
6 juin 2009.
Une quatrième réunion de la CNFDE, qui s'était instituée le 31 janvier, permet de faire le constat :
-que la mobilisation, qui a cessé d'être massive, n'en reste pas moins vive, informée, vigilante, même si elle est le fait de quelques noyaux,
-que la réforme continue à faire l'objet d'une unanimité affichée contre elle,
-que des organisations syndicales, appelées par les personnels mobilisés à tenter d'obtenir le retrait et seulement le retrait de la réforme, ont choisi de participer à des négociations. Ce choix ne correspond pas à un changement de degré dans la lutte, mais à un changement de nature de cette lutte : négocier, c'est accepter la réforme, c'est participer à sa mise en œuvre,
-que les désaccords ne coïncident pas obligatoirement avec les clivages qui pourraient exister entre syndiqués et non syndiqués, entre syndicats, entre corps d'enseignants, entre lieux d'exercice, mais que les clivages sont plus directement liés à l'engagement des individus dans les collectifs et les coordinations nés de la lutte contre la réforme,
-que, sans tenir compte du contexte de cette réforme et des intentions malveillantes du président de la république à l'encontre de l'Institution scolaire et universitaire, le terme de mastérisation est l'objet de désaccords structurels. Délivrer un master aux lauréats d'un concours qui suivent une formation en IUFM en tant que salariés stagiaires de l'Éducation nationale au même titre qu'on délivre un master aux étudiants qui poursuivent leurs études en université est un bouleversement dans la chaîne hiérarchique des corps d'enseignement et de leurs places. Cela peut être considéré comme une reconnaissance légitime et méritée ou comme une usurpation qui dénature le diplôme même. Cette pomme de discorde aurait suffi à semer la zizanie si l'on avait demandé aux différents acteurs de se mettre d'accord, sans leur imposer une réforme allogène.
Cela explique pourquoi la réforme proposée est si rudimentairement pensée : nul besoin de se donner la peine de bâtir lorsque l'unique finalité est la destruction. C'est aller plus loin qu'Arnaud Amaury : "Laissez-les s'entre-tuer tous, Dieu reconnaitra les siens".
Cela peut aussi encourager à penser que la seule riposte, intellectuellement honnête et humainement digne, doit être la tenue d'assises au cours desquelles ceux dont on espère qu'ils s'entretuent décident de rester vivants, à condition que chacun mette plus de soin à exiger de lui-même quelque concession qu'à exiger de tous les autres quelque consensus,
-que l'on a plus à craindre des unités mensongères que des vérités non dites. Parce que la difficulté peut être dépassée pour peu qu'elle ne soit pas tue. Quel que soit l'avenir du groupe que nous formons, au plan panoramique, nous n'avons pas tort.
Aux participants de la journée du 6 juin 2009,
et à Emmanuel Brassat

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